Je pense que deux visions radicalement différentes du Web s'opposent à travers le débat maintenant récurrent des adblockers qui condamneraient à terme les sites de contenu en accès libre en bloquant systématiquement la publicité qui les fait vivre.
Les sites qui proposent « gratuitement » du contenu financé par de la « publicité » qui n'en est plus vraiment (je m'expliquerai) ne sont qu'une toute petite partie d'un tout qui s'appelle World Wide Web.
Ce Web répond à des standards définis de longue date et reposent sur le principe d'un serveur qui délivre du contenu à la demande d'un client.
Violation de la propriété intellectuelle.
Au milieu des années 90, lorsque la connexion au Web se faisait avec des modems 2.400 kbps, il n'était pas rare de couper le téléchargement des images afin de gagner en vitesse de chargement d'une page.
Autrement dit, le client est maître du traitement de ce qu'il reçoit d'un serveur : il peut en faire ce que bon lui semble, comme arrêter le chargement, exclure l'exécution de scripts, bloquer des images ou des contenus gérés via des plugins, etc.
C'est l'essence même du Web.
Certains sites proposent donc du contenu en partie ou totalement financé par de la publicité. Cette publicité fait vivre ces sites et permettent d'avoir accès à des contenus éditoriaux, de la musique, des vidéos, etc.
Cette publicité est à bien des égards différentes de celle que l'on subit qui dans le métro, qui à la télévision ou à la radio pour reprendre l'exemple utilisé dans ce débat.
La radio émet un message publicitaire de manière totalement linéaire qui vient interrompre l'écoute d'une émission. Elle ne connaît rien de son auditeur ni s'est capable de s'adapter automatiquement à l'audience, en dehors de la thématique de la station radio ou du programme diffusé. La publicité ne vous suivra pas sur d'autres fréquences radios ni ne cherchera à vous envoyer un e-mail en croisant plusieurs bases de données radiophoniques.
L'écoute d'un titre ne sera pas brutalement interrompue par un message publicitaire ou couvert par une publicité et encore moins conditionné par l'écoute d'un spot.
La publicité à la radio ne se mélangera pas aux paroles de la chanson du moment. Elle ne changera pas non plus de station à votre insu. Vous n'aurez pas non plus à remplir des questionnaires révélant vos données personnelles afin d'avoir accès à la fréquence de votre choix.
Aucun cookie ne sera installé dans votre poste radio et celui-ci ne pourra pas être pisté grâce à des techniques de fingerprinting qui rendent caduc toutes les initiatives du type « Do Not Track ».
A force de détourner les principes fondamentaux du Web et d'en abuser, les régies publicitaires et leurs clients se sont mis à dos des millions d'internautes.
Il est donc temps de leur répondre non pas par la menace d'hypothétiques sanctions pénales mais en réfléchissant à de nouvelles formes de publicités dans le respect total de la nétiquette, des standards et de la vie privée des internautes.