Dans l'attente du rapport Zelnik

Cette prise de position à rebrousse poils par certains égards, intervient très peu de temps avant de la publication des propositions de la commission (à la méthodologie quelque peu douteuse).Peut-être aura-t-elle comme premier effet de relancer le débat autour de l'Hadopi qui avait un peu perdu de sa vigueur.

A l'origine, la Sacem et l'Adami ont avancé l'idée d'une taxe compensatrice prélevée sur les résultats des FAI : un mécanisme similaire à celle sur la copie privée (chaque support numérique est taxé afin de compenser le manque à gagner du à la copie privée de films ou de CD audio).

Tout sauf la licence globale

Cette levée de boucliers a deux principales raisons :

  1. Elle troublerait le consommateur-internaute comme elle trouble le copieur de CD audio en herbe : si taxe il y a, alors copier ou télécharger je peux. On retrouve très souvent ce raccourci dans les récriminations des internautes à l'égard des "majors".
  2. Mais surtout, elle pourrait créer un précédent pouvant mener vers la licence globale, ultime hérésie pour le SNEP.

A défaut d'innover, effrayons les internautes ; à défaut de leur faire peur, faisons-les payer, tel pourrait être le nouveau credo de la Sacem et de l'Adami, quelques peu défaitistes.

Le SNEP n'aurait probablement pas tenu de tels propos il y a un ou deux ans, avant l'élaboration de la loi Création et Internet. Mais aujourd'hui, le temps presse car le marché du disque et ses modes de consommation associés sont moribonds. La musique est au cœur de tous les enjeux, et les ténors du Web ou de l'informatique grand public sont bien mieux placés que les actuels tenants de cette industrie. La musique accessible partout et pour tous est déjà là, indépendamment du "piratage" P2P.

Demain, c'est aujourd'hui !

Le combat d'arrière garde de l'Hadopi vieillit aussi vite et encore plus mal que les modes de distribution et de consommation actuels de biens culturels. Le grand shift, c'est-à-dire la dématérialisation totale de (l'accès à) la musique, c'est pour aujourd'hui.

Que celle-ci passe par une licence globale, des formats propriétaires verrouillés (MXP4, Cocktail, CMX...) et/ou tout autre mécanisme associé à des lecteurs nouvelle génération, n'a en fin de compte aucune importance pour l'industrie qui remplacera celle du disque. Par contre, pour nous amateurs de musique et vous les artistes, ce choix est essentiel et nous avons tous notre mot à dire.

A condition qu'on nous écoute...