Dessin de Claudio Munoz pour The Economist

Ainsi Turntable.fm, malheureusement bloqué depuis l'Europe (mais cette limitation est facilement contournable) et blip.fm forment cette nouvelle garde, mais il doit certainement en exister bien d'autres. Ces services seraient la grande innovation de 2011 et dépassent largement le côté « social » que Spotify et Apple ont tenté d'introduire dans leurs produits respectifs (pour ne citer qu'eux).

Si je devais sortir ma boule de cristal, je définirais l'avenir de la musique en ligne à travers ces différents produits :

Le download

Le téléchargement classique, essentiellement au titre, obligatoirement associé aux périphériques les plus en vogue (iPods, smartphones, matériel HiFi de demain, etc.) au sein d'une chaîne de distribution, de stockage et d'écoute cohérente et unifiée (au détriment des « petites » boutiques en ligne).

C'est une pratique essentiellement compulsive, basée sur la facilité de l'acte et moins sur une démarche construite du mélomane. L'exemple type étant l'achat de morceaux en soirée afin d'alimenter la playlist de l'hôte.

Sans véritable développement qualitatif, et nous en sommes encore très loin (je vous renvoie pour cela aux ateliers du 3ème MusicNet.Work), le téléchargement n'a que peu de chance de remplacer le CD audio comme celui-ci avait poussé vers la sortie le vinyl et la K7.

Au téléchargement de musique viendra bientôt se joindre le téléchargement de clips, qui fera véritablement la différence avec le MP3 et les précédents supports musicaux.

Le streaming on-demand

Le streaming payant, via sa formule d'abonnement, restera marginal mais présent à travers un ou deux acteurs majeurs, à l'international obligatoirement afin de rentabiliser le service.

L'abonnement Premium devrait tourner autour des 7/8 € au lieu des 10 actuels. Peut-être même moins avec les bundles des opérateurs qui y voient comme Apple avec iTunes Store une très bonne façon de fidéliser leurs clients (music as a service).

Music on the cloud

Les services de music file lockers permettent de réintégrer les milliards de fichiers pirates dans les circuits légaux (et de générer enfin des revenus) à travers un abonnement qui demain s'étendra aussi à la vidéo/films, en plus de transformer directement chaque achat légal en musique « streamable ».

Si l'abonnement annuel devait s'imposer, le succès de la formule serait assuré.

La radio en ligne

Beaucoup plus économique à mettre en œuvre, donc à financer, les webradios (à ne pas confondre avec le on-demand) et smartradios s'imposeront là où le streaming à la Deezer ou Spotify a échoué: soit selon le modèle « classique » (Pandora) soit celui du « social » (Turntable.fm).

Elles viendront prendre les parts de marché de radios musicales (avec lesquelles elles partagent la même structure de coûts et de revenus) et de l'actuel streaming à la demande gratuit qui est appelé à disparaître. Gros succès d'audience en perspective.

Et le modèle du tout gratuit ?

La publicité ne peut véritablement pas (plus ?) financer une consommation normale et régulière de musique, hors smart/webradio (et encore). Les Guvera, les Beezik, n'ont pas d'avenir dans le mass-market et disparaîtront (Guvera) ou se recycleront (Beezik) sous d'autres formes numériques (presse, eBook, etc.).

Les sites de téléchargement en ligne vont soit diversifier leurs activités (à la manière de Starzik) en faisant là encore du tout numérique, soit se spécialiser (Qobuz avec ses formats très haute qualité) mais toutes auront toujours beaucoup de mal à suivre le rythme, se battre contre une concentration toujours plus forte du marché (qu'elle vienne des maisons de disque comme de la concurrence) et faire face à l'explosion des services tout-en-un.

Crédit illustration : Claudio Munoz pour The Economist