La Marseillaise est trop souvent entendue comme une mélodie mais pas comme une pédagogie.

Telle fut la déclaration de Brice Hortefeux, du ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire (vous pouvez respirer).

Il est urgent, je pense, que le monde politique cesse de se mêler de l'Histoire en général, et plus particulièrement celle troublée de la France.

Si je devais enseigner les origines et la signification de la Marseillaise, de son véritable nom Chant de guerre pour l'armée du Rhin, que pourrais-je en dire ?

Une marche militaire...

Tout d'abord, la Marseillaise n'était pas destinée à devenir un hymne national ; elle le fut deux ans après sa création. La Marseillaise est avant tout le symbole de l'auto-destruction de la jeune république française par les armes. Ce chant miliaire donc, a été composé dans le cadre de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche de François II, afin de soutenir moralement l'Armée du Rhin stationnée près de Strasbourg.

1792 voit donc s'ouvrir le début des guerres révolutionnaires, guerres d'agression (on dirait aujourd'hui préemptives) et guerres de survie face à la coalition formée en 1793 par l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse, la Hollande, l'Espagne et le royaume de Sardaigne.

...suivie de 23 années de guerre

De ces guerres interminables, qui dureront 23 ans et verront disparaître la République au profit de l'Empire de Napoléon Bonaparte puis la Restauration, il ne nous reste comme symbole vivant que ce Chant de guerre pour l'armée du Rhin, devenu Marseillaise. La Révolution fut avant tout un sanglant confit, une guerre livrée d'abord pour le peuple (français), puis contre lui, et enfin contre l'Europe toute entière.

Sensibiliser les migrants sur l'hymne national, de valoriser la Marseillaise, son histoire, ses valeurs, d'en faire un outil de patriotisme, comme cela fut dit dans l'entourage du ministre, relève donc d'une lecture totalement partisane à des fins propagandistes de l'histoire de la Révolution française.

Y voir des valeurs humaines, modernes et universelles est bien la preuve que la politique et l'Histoire sont en totale opposition.