Beezik faux label Hadopi

Chaque candidature - jugée recevable - donne lieu à la constitution d'un dossier rendu publique sur le site d'Hadopi.fr.

Les premiers postulants sont Deezer, Vidéo à volonté (une offre de VOD et de téléchargement avec DRM) et Beezik.

La consultation du dossier de candidature de Beezik révèle plusieurs informations sur la nature de leur catalogue de musique..

On y apprend ainsi que les 2/3 de celui-ci est effectivement constitué de fichiers MP3, donc sans système de protection numérique (les fameux DRM). Mais en y regardant de plus près, le document révèle qu'aucune major du disque n'a mis à disposition sur Beezik son catalogue au format MP3.

Ainsi, les morceaux des catalogues d'Universal Music et EMI pour les majors et du label Naïve pour les indépendants, sont tous avec DRM. Ce qui représente environ 942 000 titres.

Le gros des titres disponibles - 2 574 000 - sont bien des fichiers MP3, mais proviennent exclusivement de labels ou agrégateurs indépendants : The Orchard, Believe Digital, Idol, Pias, Pschent, Malligator Productions, DittoMusic et Scorpio Music.

Soit un total (arrondi) de 3 516 000 titres. Les agrégateurs et labels indépendants jouent donc pleinement le jeu avec Beezik, mais ce sont les majors qui se montrent les plus réticentes en imposant un verrou numérique sur leurs fichiers. D'ailleurs Sony BMG, dont l'accord avait été annoncé fin 2010 et qui devait mettre en ligne son catalogue en janvier, n'est toujours pas présent sur le site ni mentionné dans les documents de certification de l'Hadopi.

De plus, on peut se demander si les catalogues sont bien disponibles en totalité en téléchargement gratuit, qu'il s'agisse de fichiers DRM ou MP3, ou seulement en partie.

On comprend alors mieux le modèle économique de Beezik. En effet, un titre avec DRM doit probablement se négocier 1/10ème du prix de gros d'un titre MP3 et le catalogue MP3 n'étant constitué que d'indépendants, on peut imaginer que le tarif du titre a été négocié (chose difficilement envisageable avec une major). La viabilité d'un modèle qui facture 20 à 30 centimes par vidéo regardée peut alors se justifier au regard du coût de la musique.

Le prix de gros du titre est en effet la clé de ce modèle économique...

Crédits images : Beezik et Écrans.Fr