Brasserie La Perle

Big Brother est bien là : dans une société bien pensante qui aspire à plus de transparence et de libertés, il n'est plus possible à un homme sévèrement éméché de s'exprimer comme il le souhaite (où comme son état d'ébriété le lui commande) à la terrasse d'un café sans être piégé par une caméra et ensuite exposé à la ire de la terre entière.

Qu'on ne se trompe pas : je ne défends pas les propos de John Galliano (personnage et milieu professionnel que je n'apprécie guère) qui sont moralement condamnables quel que soit le contexte dans lequel ils ont été tenus. Mais je m'étonne qu'on puisse reprocher à un ivrogne des propos qui lui ont été volés. Il n'y aurait donc plus aucune liberté d'expression, si tout peut être capté, rapporté, diffusé quasi-instantanément ?

Avec les conséquences que l'on connaît : réaction immédiate afin de sauver l'image et les ventes du groupe, éviter autant que possible les foudres des associations de défense des droits de l'homme, etc. Adieu discussions de comptoirs arrosées. Adieux propos certes xénophobes, homophobes, antisémites, orduriers, violents en somme mais libératoires et malheureusement nécessaires.

Big Brother n'aura donc pas besoin de déployer ses armées de policiers ou de mouchards électroniques pour contrôler sa population, c'est elle qui fait office de délateur. Spontanément. Comme dans cet autre exemple relayé par Rue89.

Pendant ce temps, la droite dure marque des points, se trouve de nouveaux hérauts, et les antagonismes se creusent.

Crédit photo : vivrelemarais.typepad.fr