Suspension de service sin die pour Mioozic

Mioozic s'était lancé en septembre 2011 avec un modèle plutôt original : celui de faire payer, via un abonnement mensuel, l'accès à des smartradio en streaming Web dans un premier temps, puis via une application mobile en décembre 2011.

Annonce de la fermeture de Mioozic.com

Contrairement au modèle dont il semblait s'inspirer, l'américain Pandora, Mioozic était un service exclusivement payant ne proposant qu'une période d'essai de 30 jours.

Hors abonnement, impossible d'écouter les smartradios classées selon de nombreuses thématiques (censées apporter suffisamment de variété à l'auditeur).

Le service ne vivait que des abonnements alors que Pandora générait en 2012 plus de 85% de son chiffre d'affaires grâce à la publicité.

Capture d'écran du site Mioozic - courtesy clubic.com

Les tarifs de ces abonnements - déclinés selon trois formules : à la journée (24h au tarif de 3 €), au mois (9 €) ou à l’année (72 €, soit l'équivalent de 6 € par mois) - étaient relativement élevés comparés à la concurrence qui propose de l'écoute à la demande et une profondeur de catalogue bien plus conséquente sensiblement pour le même prix (5 € par mois sans engagement pour une écoute Web, 10 € en mobilité).

Le faible nombre d'abonnements souscrits après plus d'un an et demi d'activité n'aura pas suffi à viabiliser le projet qui ferme donc ses portes. Le nombre exact d'abonnés n'a pas été communiqué par son fondateur (plusieurs milliers, mais de quels types ?) qui laisse planer l'éventualité d'une réouverture du service.

Quelques inquiétudes pour YaSound

YaSound Logo BlackLe service survivra-t-il à son fondateur et CEO, Jean-Marc Plueger qui nous a quitté il y a quelques mois ?

Les comptes Facebook et Twitter de YaSound ne sont plus mis à jour depuis la fin mars et il n'y a plus d'actualité au-delà du mois de février.

Enfin, l'application iPhone n'a pas non plus été mise à jour depuis janvier.

La base musicale ne semble plus être actualisée et l'écoute de la chaîne « 100% Nouveaux Hits » tourne vite à la boucle.

Rappelons que YaSound s'était lancée le 20 mars 2012 en tirant les leçons de l'échec de Jiwa : le service propose des smartradio sociales et non plus du streaming à la demande, réduisant de manière drastique les besoins en trésorerie (plus de MG à régler aux majors) et a d'abord lancé des applications iOS avant de décliner l'offre sur le Web, alors que Jiwa avait fait l'inverse (l'application mobile et les offres associées n'auront pas eu le temps d'être commercialisées avant le dépôt de bilan de la start-up).

Capture d'écran de l'application Web YaSound - courtesy clubic.com

La start-up a levé un montant non dévoilé auprès de Kima Ventures (qui ne référence pourtant pas YaSound dans son portfolio) et Jaïna Capital et d'autres investisseurs dont le second volet serait compris entre 600 K€ et 1 M€.

Le modèle économique serait le freemium, notamment au niveau de l'écoute HD qui est pour l'instant utilisée comme outil viral sur les réseaux sociaux et de futurs achats « In-App ».

Enfin, le service s'est très vite lancé aux États-Unis et en Angleterre, là encore à l'inverse d'un Jiwa resté franco-français.

Sinistrose du secteur

Deux acteurs du streaming en mode smartradio vont peut-être définitivement disparaître du paysage français, déjà très sinistré.

Il est à parier que la publication du rapport de la Mission « Acte II de l’exception culturelle » présidée par Pierre Lescure et la mise en pratique de certaines de ses recommandations n'apportera pas vraiment d'éléments encourageants pour les distributeurs...

Mise à jour au 6 juin : suite à la publication de ce billet sur la page Facebook de YaSound, ces derniers ont posté ce commentaire que je reprends ici en intégralité : « Nous traversons une période de grande incertitude pour le moment. Nous faisons tout notre possible pour maintenir au mieux notre service. En tout cas, nous sommes tous très touchés par votre soutien, nous vous en remercions. »