Logotype Look Voyages, tous droits réservés Tout commence par un e-mail du voyagiste Look Voyages qui m'a abonné d'office à sa newsletter. Au bout de 37 e-mails reçu en l'espace de 4 mois, je décide de me « désabonner ».

Première difficulté : malgré les indications présentes dans l'e-mailing commercial de Look Voyages, qui prétend que le désabonnement se fait très simplement à partir de l'e-mail en cliquant sur un simple lien, il n'en est rien.

Il faut en effet récupérer le mot de passe d'un compte client créé à la volée par le voyagiste, comme l'indique la page de contact du site. Ce que je suis donc amené à faire passant d'abonné forcé à utilisateur actif. ;-)

Procédure de désabonnement Look Voyages

Obligé de répondre à plus de questions et livrer plus de données personnelles à travers leur formulaire de contact que si je m'étais moi-même inscrit sur leur site, je décide de passer par un autre moyen de communication.

Page de contact du site Look Voyages

De Look Voyages à Dreamlead

Je cherche donc à connaître le fournisseur d'adresses en d'opt-in partenaire de Look Voyages afin de pouvoir exercer mon droit d'accès et de modification de mes données personnelles.

Car demander en bout de chaîne d'être supprimé d'une base ne sert strictement à rien : vous serez toujours autant sollicité mais par d'autres annonceurs. Il faut donc remonter la source. En réalité, les sources.

Grâce à Twitter, j'obtiens rapidement une réponse : le fournisseur serait la société Dreamlead Interactive. Mon compte et mes données sont par la même occasion effacées de chez Look Voyages.

De Dreamlead à I-Consulting

Je contacte donc la société française Dreamlead Interactive et après quelques échanges par e-mail où l'on me donne deux informations, le nom d'une société et le fait qu'elle serait belge, on me fait comprendre qu'on ne donnera pas suite à ma demande.

Par contre, mon interlocutrice m'indique qu'« [on a] contacté le fournisseur, celui-ci a fait le nécessaire ».

Capture d'écran du site Dreamlead Interactive, tous droits réservés

Nous ne sommes pas dans l'obligation de vous fournir les coordonnées de notre partenaire. Cependant, cette société est située en Belgique.

Face à mon insistance et à force de textes de loi, j'obtiens enfin les coordonnées du gérant de la société I-Consulting, qui serait aussi à la tête de Pass-online.net.

Contacté via LinkedIn, ce monsieur s'est montré très disponible et m'a confirmé qu'il avait bien supprimé toutes mes données personnelles de ses bases suite à la demande adressée par Dreamlead Interactive.

Il me précise qu'il collabore avec cette société afin de « collecter des coregistrations et des co-inscriptions », ce qui n'est à mon sens pas le cas ici (il s'agit manifestement du rachat d'une base de données, pas d'une collecte directe).

La loi belge exigerait qu'aucune donnée ne soit conservée par un prestataire suite à une demande de suppression, sauf qu'elle ne venait pas de moi mais de son client.

Il est donc impossible pour moi d'aller plus en amont, faute de traces, même commerciales. Mais mon interlocuteur me lâche le nom d'un de ses fournisseurs potentiels : Predictys.

De I-Consulting à Predictys

Logotype Predictys, tous droits réservésJ'écris donc à l'adresse abuse de la société (française) Predictys car c'est par ce biais que je pourrais obtenir d'autres informations sur la vente de mes données personnelles.

Cette société annonce sur sont site être partenaire de Signal-Spam et du SNCD.

Au bout de quelques jours j'obtiens finalement une réponse assez évasive mais qui confirme les dires du gérant de I-Consulting.be (dont le site a aujourd'hui disparu...) :

Votre email il a été fourni par Partenaire Premium (sic).

A la question « mais qui est Partenaire Premium », je n'aurai malheureusement pas de réponse, ou plutôt celle-ci reçue il y a une semaine :

Nous n'avons pas encore la réponse de notre partenaire. On vous tient au courant dès que possible.

Fin de l'histoire ? Pas tout à fait...

...en passant par P Comme Performance !

Bien que le gérant de I-Consulting m'ait assuré sur LinkedIn n'avoir jamais travaillé avec P Comme Performance ni avec aucune filiale d'Arthur Media Group, j'ai retrouvé la trace de cette société dans l'enquête que j'avais menée il y a un peu moins d'un an.

I-Consulting me semblait bien être en contact avec P Comme Performance - qui gérait déjà en exclusivité la base du groupe Prisma Média - société récemment rachetée par son propre client, Prisma. Il figurait déjà sur la cartographie de ces échanges que j'avais alors dressée.

Ce qui fait sens : P Comme Performance doit probablement toujours revendre les données que j'avais renseignées lors d'un jeu-concours en ligne organisé par le magazine Voici, propriété de Prisma Média... il y a près de deux ans !

Des bases « poubelles »... mais parfaitement légales

Et c'est bien là le grand paradoxe de la loi du 6 janvier 1978 et de la plus récente LCEN de 2004.

Les bases de données dites « en opt-in partenaires » passent, moyennant finance, de brokers en agences de e-marketing, parfois rachetées plusieurs fois à quelques mois d'intervalles, quittant la France pour la Belgique avant d'y revenir et sont servies à des clients qui n'ont pas (vraiment ?) idée du circuit emprunté par ces adresses « premium » poussant des messages qui iront s'entasser dans le dossier spam de leurs propriétaires.

Et de commettre à leur tour, comme Look Voyages, de gros impairs en matière de gestion des désinscriptions, par-dessus le marché.

Ce business aux rouages absurdes génère chaque année plusieurs dizaines de millions d'euros mais peut parfois se faire au détriment de l'annonceur et sûrement de l'internaute. Au final, c'est tout une profession qui en pâtit.

Nous verrons dans un prochain billet qu'il est possible de ne plus être dépendant de prestataires quelquefois peu scrupuleux (mais aussi de clients peu regardants), de mettre fin à la grogne justifiée des internautes et de redonner de la crédibilité à l'e-mailing commercial, donc de la valeur.

A condition de s'en donner les moyens...

Mise à jour au 13/11/2013 : Je reproduis ici la réponse d'Edouard Ducray de Dreamlead Interactive à un commentaire que j'ai laissé à la suite d'une de ses tribunes publiée sur le Journal du Net :

Mais si mais si Guillaume Vialet c'est bien eux!

Par contre vous semblez peu informé en la matière: Dans l'article auquel vous faites référence sur votre blog, notre société Dreamlead Interactive agit en tant que tiers. Elle dispose d'un droit d'usage limité dans le temps sur des adresses emails collectées par des partenaires, dans le cadre d'un contrat de partenariat.

N'étant pas responsable du traitement des données nous ne saurions disposer d'informations personnelles sur ces adresses car si tel était le cas (faut-il vous l'apprendre?) cela serait répréhensible par la loi (Art. 226-22 du Code pénal)

Sur le fond nous avons bien compris dans votre article que vous en voulez à l'ensemble des acteurs marketing et annonceurs du Net: Look Voyage, Dreamlead Interactive, I-Consulting, Prédictys, P Comme Performance, Prisma Media etc ... nous sommes tous de méchants spammeurs sans foi ni loi.

Comme je crois comprendre que vous êtes à la recherche d'un nouveau poste de chef de projet, je m'interroge sur le type de société qui trouvera grâce à vos yeux (et réciproquement)

Comment couper la branche sur laquelle on est assis ...