Vous n'êtes plus sans savoir que le créneau de la rémunération du profil consommateur de l'internaute est maintenant disputé par la start-up française Yes Profile.

« Initiateur » de ce modèle, le projet ZeroThune fêtera dans quelques semaines son premier anniversaire. Le site a quelque peu évolué tout au long des 12 derniers mois et s'est vu agrémenté de nouvelles fonctionnalités ainsi que toujours plus de contenus éditoriaux.

A mi-parcours, il y a 6 mois de cela j'interrogeais le cofondateur de ce service qui reste à l'heure actuelle la seule plateforme de téléchargement « gratuite » de musique française après la fermeture volontaire de Beezik. Malgré l'élimination naturelle de ce dernier concurrent, nous verrons que ZeroThune n'a pas bénéficié de ce qui aurait pu être un véritable appel d'air.

Une page Facebook et un blog très actifs

La volonté de la start-up de créer une sorte de « Wikipédia de la musique » a toujours été très forte, plus forte même que les aspects marketings qui semblent relégués au second plan.

La page Facebook et le blog de ZeroThune sont donc naturellement les deux aspects les plus dynamiques du projet. Le nombre de fans sur le réseau social est passé de moins d'une centaine à près de 2000 en l'espace de quelques mois, sans aucun effort de communication autre que sur le site ZeroThune grâce à la multitude de messages postés sur Facebook.

Les contenus sont à 100% tournés vers la musique, jusqu'à partager des ressources disponibles en dehors du cadre de ZeroThune (vidéos sur YouTube, articles, événements, etc.) et en n'évoquant quasiment jamais la monétisation des données personnelles qui est pourtant le moteur économique du projet.

Le site se présente d'ailleurs comme une « médiathèque » proposant « biographie, discographie, actualité, téléchargements » avant même de parler de rémunération de profils, à l'opposé d'un Yes Profile.

Une timide annonce du lancement la boutique de cash back a cependant été faite sur Facebook et révèle d'ailleurs la complexité du modèle adopté.

Annonce du lancement de la boutique de cash back sur Facebook

La newsletter réservée aux membres est elle aussi bien construite, de plus en plus régulière et là encore très riche en contenus éditoriaux musicaux.

Enfin, notons que ZeroThune a fait son retour sur Twitter à l'adresse @ZerothuneLeSite et compte déjà 188 followers.

Des « packs » de thunes revus à la hausse...

Les packs de thunes jusqu'ici proposés par ZeroThune (pour rappel, il était possible d'acheter des thunes afin de télécharger de la musique au titre de manière traditionnelle) n'étaient pas à l'avantage du consommateur.

Urban Musique, l'éditeur du site a donc revu sa copie et propose maintenant une grille tarifaire différente.

Nouveaux packs de thunes - juillet_2013

  • Le pack à 7 € offre maintenant 595 thunes contre 560 précédemment, soit un titre à 1,4 €.
  • Le pack à 9 € en offre 803 (précédemment 734) soit un titre à 1,125 €.
  • Le pack à 14 € en offre 1309 (1254) ramenant le titre à 1,07 €.
  • Et le pack à 19 € donne droit à 1890 thunes (1733) soit un titre à 1,05 €.

Les packs restent moins intéressants qu'un achat de musique effectué sur n'importe quelle plateforme de téléchargement légal et sans minimum à dépenser.

A noter que le paiement se fait toujours grâce à PayPal.

...mais de la musique plus « chère » !

Grosse surprise pour les habitués du site, les titres ne sont plus téléchargeables en échange de 100 thunes mais selon un barème qui s'étale maintenant de 99 à 329 thunes.

Valeurs en thunes des morceaux téléchargeables

Ce qui complique encore un peu plus la conversion thunes-euros pour les acheteurs de packs ou les bénéficiaires de la boutique.

Enfin, il n'est toujours pas possible d'acheter un album dans son intégralité, un acte qui reviendra donc proportionnellement plus cher sur ZeroThune que sur d'autres disquaires en ligne puisqu'il vous vaudra télécharger les titres un à un.

Une offre de cash back en marque blanche

La véritable nouveauté de cet été, annoncée par e-mail auprès des membres du site le 20 juin dernier n'est autre qu'une offre de cash back.

Annonce du lancement de la boutique ZeroThune

A la manière d'un Mailorama ou encore des leaders du secteur eBuyClub ou iGraal, ZeroThune propose dorénavant sa boutique de cash back accessible à l'adresse www.0thune.com.

Cette solution est en réalité un service en marque blanche de la société CFC Services, elle-même filiale de Franfinance, c'est-à-dire la Société Générale.

CFC proposait historiquement une solution de cash back à l'attention des professionnels du médical (essentiellement les médecins mais aussi les infirmiers, etc.) à travers le site Coop Santé et sa carte de paiement bancaire.

En difficultés financières, la société a été absorbée par la société de crédit qui la soutenait et déployait son offre monétique, devenant en quelque sorte la plateforme de cash back de Franfinance.

Capture d'écran de la page d'accueil de la boutique ZeroThune

Il existe donc plusieurs « boutiques » poussées par CFC qui partagent des thématiques différentes en apparence mais offrent les mêmes avantages et les mêmes produits, sur une structure technique et fonctionnelle commune.

Pire, les sites acceptent les identifiants créés sur d'autres sites CFC et mes deux comptes Coop Santé et Carré Privé sont ainsi acceptés sur le site de cash back de ZeroThune (mais une fois l'identification faite, c'est bien la charte du bon site qui est affichée mais avec l'URL 0thune.com).

Pour l'internaute, point d'argent mais encore des thunes et surtout une nouvelle inscription qui revient à laisser ses coordonnées à une autre entité que j'ai déjà pris à revendre les données de ses membres à des fins publicaitres. En effet, le profil de l'adhérent ZeroThune n'est pas totalement interconnecté à celui de la plateforme en marque blanche de CFC Services.

Bandeau du site CFC Services

Afin de faciliter cette création et bien sûr de limiter l'adhésion aux seuls membres de ZeroThune, il vous sera nécessaire de fournir votre identifiant (adresse e-mail) et date de naissance laissés sur zerothune.com. Seul hic, la date de naissance n'étant pas une donnée obligatoire sur le site et pouvant donc être effacée par la suite, je n'ai pas pu directement accéder à ce service.

Mais si vous acceptez sur votre navigateur Web les cookies tiers et que vous avez saisi une date de naissance valide, vous aurez alors accès à la page de création de compte sur la plateforme CFC.

En ce qui concerne le cash back, les taux de reversement ne sont ni moins bons, ni meilleurs que ceux pratiqués par la concurrence (par exemple, le taux de reversement de la Fnac pour les livres est de 4,2% contre 4,5% chez eBuyClub), la seule différence venant de la possibilité de convertir ses gains en thunes à partir de 20 € cumulés sans qu'il m'ait été possible de prendre connaissance du barème de conversion (un euro = une thune ?).

Enfin, le fonctionnement du site en marque blanche marque fonctionnellement le pas par rapport à la concurrence et il sera nécessaire de laisser l'adresse e-mail du compte 0thune.com sur le site marchand afin de bénéficier du cash back au lieu de votre adresse habituelle (vos e-mails transactionnels sont analysés par CFC afin de vérifier la valeur de votre achat).

L'internaute n'aura pas non plus la possibilité d'installer une toolbar sur son navigateur qui se révèle bien utile afin d'activer le cash back lors de la visite d'un site marchand.

Des questionnaires simplifiés et éclatés... mais faussés

Autre changement, les questionnaires sont maintenant moins rémunérateurs qu'au lancement du site et peuvent rapporter « jusqu'à 30 thunes » et non plus 30 ou 35 thunes systématiquement. Ils ont de même été sensiblement allégés et se présentent différemment.

Les membres de ZeroThune seront à terme moins bien qualifiés que ceux de Yes Profile.

Plutôt que de proposer des questionnaires sur une unique page dédiée, ZeroTune a intelligemment procédé à l'insertion de quelques questions sur la plupart des pages du site sous la forme d'un bandeau.

Mini-questionnaire sur ZeroThune.com

Les questions y sont uniques, comme par exemple « Quel est votre budget annuel pour le sport ? » et se fondent dans le contenu musical.

A gauche du bouton de validation se trouve une bannière publicitaire sponsorisé poussée par la plateforme d'affiliation Mediaffiliation. Chaque clic sur ce petit bandeau de 120x60 pixels rapportera quelques centimes d'euros à ZeroThune, justifiant les 3 thunes (par exemple) qu'elle vous rétrocédera en répondant au questionnaire.

Cependant, certains annonceurs (dont on ne sait s'ils accèdent à vos données en « sponsorisant » la question) sont aussi des sociétés vivant du modèle économique que ZeroThune, comme Mail-remunere.com. De plus, les publicités n'ont rien de ciblé et sont particulièrement répétitives.

Seul problème, mais à l'avantage du membre, il est possible de répondre à des questions déjà renseignées et de gagner à nouveau le nombre de thunes précédemment accordé, ce qui incitera le membre à changer sa réponse afin de gagner plus de thunes quitte à fausser un profil déjà amputé de nombreuses questions.

Pas de trace d'activité commerciale depuis un an

Beaucoup plus préoccupant, aucune publicité ciblée n'aurait pour l'instant été poussée auprès des membres du site et seuls les questionnaires thématiques (pour ne pas parler des packs qui n'ont aucun intérêt) leur permettent de gagner quelques thunes.

Une fois votre pactole consommé après la constitution de votre profil, vous n'aurez plus la possibilité de télécharger de musique sur ZeroThune. En d'autres termes, la start-up n'aurait pas encore de clients et lancé pour leur compte de campagnes de recrutement ciblé.

Le partenaire historique de ZeroThune, WellPack aurait quant à lui mis un terme à son activité de vente en ligne afin de se concentrer sur la commercialisation en affiliation d'assurances via le site Dayak.fr, non sans continuer de louer sa base de données de clients en opt-in partenaires.

ZeroThune a donc visiblement mis l'accent sur la musique et les contenus associés au détriment de la rémunération de ses adhérents et de leur qualification, bien que la boutique en cash back soit une tentative pour contrebalancer cette tendance de fond.