Nous sommes en avril 1943. La campagne de Tunisie fait rage depuis maintenant près de 6 mois et oppose Anglais et Américains aux forces italo-allemandes composées des vétérans de la DAK et de la Regia Armata. A cette date, les armées de l'Axe sont en pleine retraite. Le 7 avril 1943, la voiture de liaison de l'Oberstleutnant von Stauffenberg qui deviendra célèbre un an plus tard, est violemment mitraillée par la chasse alliée.

Brian Singer nous donne une toute autre version de cet événement qui décidera Claus von Stauffenberg à agir au sein de la Résistance allemande. La séquence d'introduction du film est beaucoup plus épique que ne le fut la réalité, et nous donne ainsi l'occasion d'étudier les véhicules blindés de la Wehrmacht qui la composent.

La fin de la 10. Panzer-Division

Nous sommes donc en ce 7 avril très probablement en compagnie d'une colonne de la 10. Panzer-Division, qui aura le triste record d'être la première division blindée allemande formée avant-guerre à disparaître au combat. Et c'est justement sur le front Tunisien qu'elle sera anéantie, malgré la victoire initiale de Rommel à Casserine.

Colonne de la 10. Panzer-Division

A cette époque, la division est commandée par le Generalleutnant Fritz Frhr von Broich. Il sera d'ailleurs capturé par les Britanniques le 12 mai 1943.

Claus von Stauffenberg (Tom Cruise)

La colonne que l'on découvre à l'écran sur ces premières images est composée de plusieurs véhicules tout à fait caractéristiques de l'époque et du front Nord-Africain. On distingue devant le blindé deux semi-chenillés Sd.Kfz. 251.

Le Panzer IV, la cheville ouvrière de la Panzerwaffe

Panzer IV Ausf. G

Premier plan rapproché du seul Panzer visible de cette colonne. On reconnaît immédiatement le Panzer IV lang, ou plus explicitement Sd.Kfz. 161/1 Panzerkampfwagen IV Ausf. G, armé du canon 7,5 cm KwK 40 L/48.

Un Spitefire s'apprête à attaquer la colonne blindée

Il s'agit manifestement d'une maquette en bois à l'échelle 1/1. Plusieurs erreurs grossières trahissent la réalisation sur cette image, comme la largeur des chenilles, plus du double de celles de ce blindé, ou bien la présence de deux « meurtrières » sur la caisse, l'une pour le pilote (à gauche sur la photo alors qu'elle se situait à droite) et l'autre en lieu et place de la mitrailleuse de coque MG-34...

On appréciera tout de même le sens du détail : les jerricans sur les flancs du Panzer, les patins de chenilles fixés à l'avant afin d'en augmenter (théoriquement) le blindage, etc.

L'attaque a débuté...

La version G du Panzer IV marque une rupture dans le rôle initialement joué par ce blindé. De char d'appui il devient char de rupture, armé d'un canon anti-char lui donnant une légère supériorité sur les blindés Alliés à cette époque, tant en allonge qu'en précision et capacité de pénétration, avantage qui sera bien exploité par les Panzerschützen. Il fut d'ailleurs surnommé « Mark IV Special » par les Britanniques.

Cependant, les accessoiristes ont été un peu trop généreux avec « leur » Pz IV en lui confectionnant un tube bien trop long ;-)

Train de roulement du Panzer IV Ausf. G

Autre plan qui trahit le plus cette reproduction, encore et toujours la largeur fantaisiste des chenilles et la mauvaise reproduction du train de roues (elles semblent collées au parois d'une caisse trop large).

Vue arrière du Panzer IV lang

Le sens du détail a tout de même été poussé à l'extrême : la « caisse de Rommel » est bien visible au dos de la tourelle, et servait à y ranger toute sorte de matériel. Le tourelleau du chef de char n'est pas en reste non plus.

Les explosions cernent le blindé allemand

Autre image révélatrice de l'attention portée à cette reconstitution : les formes un peu spéciales de l'arrière du Panzer IV ont bien été respectées, échappement compris !

Une défense anti-aérienne bien peu efficace

Une pièce 2 cm FlaK 30 montée sur camion

Élément indispensable à la guerre mécanisée, une pièce anti-aérienne légère est juchée sur un camion afin d'assurer la défense anti-aérienne de cette colonne blindée. Ce canon de 20 mm n'était cependant pas jugé assez puissant pour faire face aux chasseurs-bombardiers modernes.

Les Allemands auront d'ailleurs beaucoup de mal à inventer un véhicule anti-aérien capable d'assister efficacement leurs Panzer-Divisionen.

Véhicule de reconnaissance Sd.Kfz. 222

Auto-blindée Sd.Kfz. 222

Autre véhicule présent et tout aussi indispensable au bon ordre de marche de la division : un véhicule de reconnaissance blindé. Il s'agit - probablement - d'un leichter Panzerspähwagen Sd.Kfz. 222 armé du canon 2 cm KwK 30 L/55, avec une élévation suffisante pour servir de plateforme anti-aérienne, comme on semble le voir dans la séquence.

La scène comporte aussi de nombreux plans de l'inénarrable VW Type 82 Kübelwagen, la « Jeep » allemande que l'on retrouve à peu près dans tous les films sur la Seconde Guerre mondiale.

Au final, cette séquence très réussie sur le plan de la reconstitution, démontre une réelle volonté de la part de réalisateurs de la génération d'après guerre, de restituer toute l'authenticité de cette époque troublée. Ce qui était loin d'être le cas quelques décennies auparavant...