Guvera (voir ce billet qui présente le service) ne s'est pas encore lancé au Royaume-Uni, comme elle l'espérait pourtant. A l'heure du streaming et des applications smartphone, la startup chercherait à renforcer sa position aux États-Unis. Ce mouvement passerait par un transfert du siège sur ce continent au dépend de l'Australie, pays d'origine du projet et des fondateurs.
Cette relocalisation des équipes s'accompagnerait d'une levée de fonds de 50 millions de dollars. Une somme considérable compte tenu de ceux précédemment levés. Une levée de fonds d'environ 10 millions de dollars avait été envisagée fin 2010 sans pour autant savoir si elle avait ou non abouti.
Selon le site startupsmart.com.au (relayé par Hypebot), cette levée de fonds serait la première étape vers une introduction en bourse à la mi-2013 sur le marché américain. A cet effet, Philip Quartararo a été nommé directeur des opérations pour le marché américain. Quartararo est un ancien de Virgin Music America et ancien président de Warner Bros Records (catalogue auquel Guvera n'a d'ailleurs pas encore accès). Ironie du sort, Spotify s'apprêterait à se lancer sur le marché australien.
Plusieurs inconnues subsistent à propos de Guvera comme par exemple les montants réellement levés. L'article du journal The Australian, repris par StartupSmart, fait état de $25 millions. Guvera annonçait pourtant avoir levé un total de $30 millions ($10 millions entre 2008 et 2009 puis $20 millions en janvier 2010). Un montant relativement élevé si on le compare à d'autres levées d'acteurs de la musique (par exemple $17,5 millions pour Rdio, ou encore Spotify et Deezer à la même époque).
De l'augmentation de capital de $9 millions lancée fin 2010 et évoquée dans un précédent billet, personne n'en a plus jamais parlé. Un an-et-demi plus tard, il est question d'un montant 5 fois plus élevé et d'une introduction en bourse. AMMA, chargé des premières levées de fonds de Guvera, ne fait état que de $12M sur son site Web.
Toutes ces levées de fonds se sont faites auprès de petites investisseurs dont le nombre est estimé à un millier. On apprend par exemple sur un forum de discussion qu'un de ces investisseurs a placé $20,000 dans Guvera. En 2010, les pertes de la société s'élevaient à 7 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 17 000 dollars. La valorisation de la société était alors de 50 millions de dollars.
Guvera, qui entre dans sa cinquième année d'activité, n'a pas encore démontré qu'elle était profitable ni convaincu les maisons de disque de la viabilité de son modèle économique : son catalogue est encore très réduit (la société annonce 3 millions de titres sur son site).
De nombreux utilisateurs font état d'une moyenne de trois ou quatre titres téléchargeables par semaine. Après avoir proposé du streaming de titres afin de pallier à ce manque d'annonceurs et par conséquence d'occasions de télécharger légalement ses morceaux, puis d'avoir succombé à la mode des daily deals à la Groupon, une rumeur annoncerait un changement de cap radical. Guvera pourrait proposer une offre beaucoup plus proche d'un Spotify et (en partie ?) délaisser son modèle économique basé sur du téléchargement payé par la publicité.
En effet, il semblerait d'après certains commentaires que le streaming prendrait le pas sur le download, soit pour des raisons de coûts (il est plus facile de « vendre » du streaming financé par la publicité qu'un fichier MP3) soit pour des raisons d'usage de la part des membres de Guvera (ce qui renforce ma conviction que le marché du téléchargement a vécu). Il serait aussi question du prochain lancement d'une application qu'on suppose mobile...
Ce modèle repose sur une qualification de l'internaute en amont qui permet un ciblage qui se veut plus précis des campagnes de recrutement. Une fois « ciblé », le téléchargement se fait à travers le channel de l'annonceur sur le site de Guvera. Une méthode très proche de feu ZeroThune. Cette page comporte, outre la musique téléchargeable, des encarts dédiés à la promotion de produits ou relais de campagnes existantes, des call-to-action, etc.
Un format qui n'aurait pas vraiment séduit les marques et qui expliquerait le repositionnement de la startup vers des offres locales ou les réseaux sociaux.