La lecture de cet article sur CNET France m'a fait bondir : je me demande vraiment si les maisons de disque comprendront un jour leurs clients et à défaut, leur époque ?
Le CD est mort ? Vive le CD !
Les ventes de CD déclinent inexorablement et ne doivent leur salut qu'à une population vieillissante habituée à ce format et pas encore au dématérialisé et à la grande braderie orchestrée sur Amazon pour ne citer que cet e-marchand. Le DVD-Audio et avant lui le SACD sont des initiatives qui ont vécu et n'ont jamais percé auprès du grand public. La musique s'informatise à vitesse grand V et les CDthèques sont numérisées pour que la musique soit ensuite distribuée qui ne manière nomade, qui en ligne ou sur des chaînes HiFi capables de la diffuser. Les jeunes consommateurs de musique se contentent (à tort ou à raison, peu importe) des formats à pertes MP3 ou AAC mais pourtant...
Sortons le Blu-ray Pure Audio ! Et avec quoi ? Un fond de catalogue déjà largement rentabilisé ! Et que va-t-on ajouter sur ces disques pour convaincre une clientèle jeune ? Rien, absolument rien : pas de bonus, de vidéos, d'images. Quelle idée de génie !
Le retour des DRM
Ah si ! Une protection anti-copie totalement imparable : c'est le retour des fameux DRM qui prennent à contre-pied la « taxe » pour la copie privée. J'aimerais qu'on tatoue sur le front des dirigeants d'Universal Music le mot anti-copie à chaque fois qu'un dispositif prévu comme tel est craqué.
Et quel est l'argument de choc de notre équipe marketing préférée ? Que tout le monde a un lecteur Blu-ray à la maison ma brave dame ! Mais bien sûr !
Après avoir dépensé 20 euros pour Legend (c'est vrai quoi, ce support coûte cher, sans compter le fait de ressortir les masters de Jamaïque), Jean-Kevin revient de son hypermar... heu disquaire... heu Fnac, non Amazon avec son disque de Bob Marley en qualité « studio master » (qu'il pouvait déjà se procurer un peu moins cher sur Qobuz, mais passons).
Il glisse donc le disque dans sa super PlayStation 3 branchée à un kit 5.1 acheté 150 euros sur Cdiscount et profite enfin de la qualité sonore ultime. Quel pied, j'envie vraiment notre Jean-Kevin.
Un catalogue de 36 albums
Mais à moins que Jean-Kevin ait lâché 10.000 euros dans un ensemble audio haut de gamme, il n'aura sans doute pas la moindre chance d'entendre - lui qui a été gavé de musique et saturé ses oreilles de son compressé par son iPod qui aura détruit à lui seul l'industrie du disque - la différence entre un bête fichier MP3 320 Kbps et son super Blu-ray Pure etc.
Pour la première fois, on va entendre ce que l'artiste a entendu, quand il a créé son œuvre en studio. (Pascal Nègre)
Évidemment, quand on peut s'acheter ce genre de matériel, on a tout de suite envie de se jeter sur le « catalogue » (36 titres) proposé par Universal Music.
Et pour la maison de disque soupçonneuse, pour ne pas dire paranoïaque, un client qui peut mettre plusieurs milliers d'euros dans du matériel audio aura bien sûr l'irrépressible tentation de pirater sa musique et ainsi économiser les 20 € du disque. Ce qui en soit justifie pleinement la protection anti-copie inviolable (sic).
Malgré toutes ces « qualités », je suis certain que cette initiative qui n'en est pas une sera citée en exemple par le Dg des nouveaux business d’Universal Music Group, Pascal Nègre (monsieur Internet ça marchera jamais)...
Mise à jour : Je suis mauvaise langue : il y aura bien un cadeau « Bonux » concédé par la major afin de palier le verrou numérique. Il sera possible de télécharger gratuitement (sic) l'album acheté en Blu-ray Pure Audio. Bien que le format ne soit précisé dans l'annonce officielle, il est probable qu'il s'agisse de MP3 ou au mieux de lossless plutôt que du 24 bits/96 kHz (Clubic indique qu'il sera double : MP3 et en FLAC 16 bits/44,1 kHz).
1 De FX44 -
Absolument consternant! Votre avis ne concerne que vous. Le marché est réel, il y a des collectionneurs de livres, de DB, de disques. Le marché physique existera toujours même s'il passe sous forme de niche et au nom de cela nous serions obligé de nous contenter d'une sous-qualité et de rester bloqué dans les années 80. Nous sommes 7 milliards, soit un beau marché et potentiel et la population Française même pas 0.6% du total! Votre logique est réactionnaire et conformiste.
2 De Guillaume -
@FX44 : Tout d'abord, il s'agit d'un billet d'humeur comme l'indique le rubrique dans laquelle il a été publié. J'y emploie donc un ton fleuri et plus léger que d'habitude. ;-)
Je me permets de vous rappeler que lorsque le CD audio est arrivé sur le marché, ses promoteurs vantaient notamment le fait que la qualité audio soit très supérieure à celle du vinyle. 30 ans plus tard, on nous sert exactement le contraire.
Afin d'améliorer la qualité de restitution de ce support numérique face au rendu (plutôt que la qualité) d'un support analogique, l'industrie a produit le SACD qui s'est révélé être un échec commercial : trop cher, équipement spécifique nécessaire, rareté des albums.
Ensuite, il y a déjà dix ans de cela est arrivé sur le marché le DVD-Audio avec exactement les mêmes caractéristiques que ce « nouveau » Blu-ray audio : tout le monde est équipé d'un lecteur DVD, certaines chaînes Hi-Fi sont mêmes plus capables de les lire que les Blu-ray, encodage en 24 bits/96 kHz, etc.
La seule différence notable entre ces deux supports étant l'espace disque, qui n'est absolument pas exploité ni même abordé dans le discours commercial d'Universal Music : nous pourrions avoir plus de morceaux ou des morceaux en 5.1 par exemple. Las ! Le Blu-ray audio (qui n'est pas une nouveauté et dont les spécifications datent de la création de ce nouveau support) n'est qu'un DVD-Audio, lui-même inférieur au SACD (traitement analogique du signal).
La seule note positive de ce « nouveau » format est la re-masterisation des morceaux. Et c'est à mon sens la vraie avancée et je ne suis pas le seul réactionnaire à le remarquer : un Blu-ray sonnera mieux qu'un CD audio grâce notamment à cette remasterisation. Il est probable qu'un CD audio sonnerait lui aussi mieux s'il avait bénéficié du même traitement ou d'over-sampling.
Enfin, il faudra certainement un matériel audio très couteux afin de bénéficier des avantages du 24 bits sur le 16 bits à mastering égal.
Maintenant, si vous me trouvez réactionnaire (sic) et conformiste quand je vous dis que le marché est résolument tourné vers le dématérialisé et que cette dématérialisation, contrairement à ce que nous imposent les maisons de disque, n'est pas incompatible avec une grande qualité d'écoute, alors soit !
On se donne rendez-vous dans 2 ans afin de faire un état des lieux du marché du Blu-ray Pure Audio ? ;-)